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Critique du film "petite Fille"

  • Photo du rédacteur: Julie Tournier
    Julie Tournier
  • 20 mars 2023
  • 5 min de lecture

"Il vaut mieux partir d'un cliché que d'y finir." -Alfred Hitchcock

Changement de registre dans ce dernier post: je m'improvise critique de cinéma…. Tant qu'à y être autant explorer toute les facettes de l'écriture !!!
Par contre je spoil allègrement alors si vous devez voir ce docu-film, bes lisez pas la suite même si c'est pas un Marvel avec des gens gantés qui meurent !!! 😁
Un film dont parle souvent la communauté trans, est le film "Petite fille" de Sébastien Lifshitz sortie en février 2020.
Plus précisément c'est un film documentaire puisqu'il suit, sur une très courte période, la vie de Sasha, une fille transgenre de 7 ans et les questionnements de ses parents et plus précisément de sa mère.
Ce film docu met le focus sur les difficultés d'être en dysphorie de genre lorsqu'on doit faire face à l'éducation nationale et sa toute puissance des "sachants".
L'idée étant que la prochaine rentrée scolaire de Sasha se fasse totalement au féminin pour éviter d'être stigmatisée par ses camarades et que Sasha puisse se sentir intégrée d'emblée.
Alors, dis-on nous les choses de suite, je ne vais pas être neutre (oui bes c'est comme ça, c'est mon blog !!! 😜). D'abord parce que je suis doublement sensible : en tant que femme trans (heu oui, je suis passée par le stade enfant hein moi aussi !!!) et en tant que parente.
J'ai longtemps repoussé de le regarder car j'avais lu pas mal de chose sur ce docu, que ce soit de la commu' ou des personnes cisgenres. J'avais bien compris qu'il était très clivant.
Et j'étais très mal à l'aise car je trouvais des arguments intéressants des 2 côtés. Bref il était quand même temps que je me fasse ma propre opinion.
Le moins que l'on puisse dire c'est que je n'ai pas été déçue en terme d'ascenseur émotionnel : tu passes des larmes (beaucoup) à la colère (beaucoup trop) mais sans jamais passer par les rires.
C'est un film émotionnellement lourd. C'est un film qui questionne. C'est un film qui n'a pas de voix off pour l'accompagner, pas de musique donc finalement le montage est neutre et on se retrouve juste immergée chez cette famille…. A nous de nous dépatouiller avec cela.
Dès le début je commence par m'énerver : la maman rencontre, un homme, que j'identifie comme son médecin et lui explique ses difficultés et ses doutes.
Quiconque a eu des enfants et à côtoyé des mamans sait que maman s'interroge beaucoup, se demande toujours si elle est responsable des maux de son enfants, culpabilise de se dire que s'est sa faute si son enfant est comme iel est (et je ne vise aucune maladies, troubles, comportement particulier).
Et le médecin tranquillement lui demande: vouliez-vous vraiment un garçon ou auriez vous préféré une fille?
La maman répond, en substance qu'elle aurait préféré une fille. Le médecin n'encadre pas cette réponse et laisse la maman dans le flou.
Il faut attendre la visite chez la pédo-psychiatre, spécialiste, pour que cette mère s'entende, enfin dire, que tout cela n'avait rien à voir et qu'elle n'est en rien responsable de la dysphorie de son enfant !!!
Là je me suis dit "si tout le film est comme cela, je vais jeter la tv par la fenêtre" (bon sur un buisson pour être sûre de ne pas l'abîmer !! 😜).
S'en suis les difficultés d'intégration scolaire face à un système fermé qui ne prend pas en compte les difficultés particulières des enfants trans.
Le bras de fer s'engage entre les parents de Sasha (l'enfant concernée hein…. Suis un peu…. 🙄) et l'école.
Parce que, ce qui choque c'est que ce sont les maîtresses (identifiée féminine dans le docu) et le directeur (la aussi identifié masculin) qui se liguent contre Sasha. Elle n'a même pas le soutien de ses maîtresses !!!
On voit bien tout au long du film les jugements des Autres: "comment une mère peut elle accepter que son enfant change de genre aussi jeune ?" "Un enfant aussi jeune ne peut pas savoir" "c'est aux parents de poser le cadre, Sasha est un garçon il doit s'habiller comme un garçon" et toutes les autres stupidités que l'on peut lire sur les critiques de ce docu.
Alors je répondrai quelque chose d'extrêmement clair : quiconque n'a jamais été dysphorique ne se rend pas compte du besoin irrépressible que s'est, de sentir le regard des Autres, cis-normé, posé sur soi et nous reconnaître dans le genre que l'on a choisi.
Alors oui ce qui interpelle dans ce docu c'est l'âge de Sasha et le fait que ses parents ne cherchent pas faire comme tout les autres parents " tu verras plus tard, c'est une période, tu es trop jeune….".
Là encore le docu montre très clairement les attentes de Sasha, qu'elle le verbalise très clairement, sans aucune ambiguïté. Pourquoi la faire souffrir inutilement ? La famille n'est pas livrée à elle seul.
Elle est suivie par des professionnels.les de la dysphorie.
A aucun moment les parents de Sasha ne la mettent en danger, bien au contraire, iels lui évite, probablement de nombreuses conséquences de la non prise en compte de sa trans-identité: échec scolaire, échec vie sociale, enfermement dans une spirale sans fin, souffrance psychique, tentative de suicide et dans de trop nombreux cas, suicide réussi.
C'est cela que vous souhaitez à vos enfants ? Moi en tant que parente c'est clairement pas cela que je souhaite à mes enfants !
Alors oui cette voie, de la transitude (nouveau terme, il me faudra penser à faire un article !!! 😉) n'est pas une voie facile, personne ne dis le contraire.
Oui Sasha va galèrer, probablement se faire agresser.
Avoir des relations amoureuse compliquées.
Passer une adolescence difficile sous bloqueurs de puberté. Mais….. Cest son choix ! Et pour le coup, il est très éclairé.
Ses médecins spécialisés n'ont jamais caché la difficulté du parcours puisqu'en fin de film, iels abordent la question de la stérilité.
Quand à l'éducation nationale, j'ai très envie de secouer tout.es ces personnes, qui au prétexte qu'iels sont profs se sentent investi du droit de donner des leçons de vie sociale !! 😖
Quant on vois qu'iels ne sont même pas foutu d'aborder les questions du genre correctement et ne font pas de différence entre sexe biologiques et genre….
Franchement formez vous avant de vouloir donner des leçons à ses parents.es.
Depuis la circulaire Blanquer sur l'inclusion des élèves trans est venue, timidement, probablement améliorer les choses.
Alors en conclusion: je reste un peu sur ma faim. Je trouve que le choix de présenter ce film sans voix off laisse le.la spectateur.trice libre d'interprétation et donc de mal interpréter au vue du manque de connaissance que les Autres ont sur le sujet de la transition.
Il me semble (ou j'aurais aimé ?) qu'un temps d'interview, au cours du film, avec la pédo-psychiatre et l'endocrinologue, aurait permis aux gens de mieux appréhender les notions sur la trans-identités.
En tout cas ce qui est clair, c'est que l'état de Sasha en terme de stress, de peur et de tristesse est directement lié à une prise en charge totalement inadapté de son milieu scolaire et cela, de mon point est inacceptable.
Alors Mesdames et Messieurs les Sachants.es de l'éducation nationale, formez vous au lieu de rester sur vos certitudes inadaptées!!!!
Pour mes adelphes trans: regardez le mais bon vous n'apprendrez pas grand choses et attention cela risque de faire miroir avec votre vie.
Pour les Autres: sincèrement, je vous déconseille de le regarder sans une personne trans à vos côtés pour vous expliquer sinon vous allez rester en surface et faire comme toutes ses assocs' anti trans (petite sirène par ex) et passer complètement à côté de la réalité des désirs et parcours des enfants trans.

"Tous les français ont deux métiers : le leur et critique de cinéma." François Truffaut

 
 
 

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